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Une bio entre terre et mer au pays de Saint-Malo

Publié le 25/06/2018

St Malo

C’est l’un des neuf anciens pays de la Bretagne, une sorte de triangle de la côte d’Émeraude aux portes du Mont-Saint-Michel et de Rennes. Il n’est historiquement pas le plus bio : 55 % de ses communes comptent une ferme bio contre 71 % en Bretagne*. Mais la récente progression (21 conversions en 2016 et 14 en 2017, soit un total de 102 fermes bio*), sans compter l’intérêt des artisans pour le bio, est bien le signe d’un vent nouveau. Signe particulier ? Il souffle de la terre à la mer.

* 2016 – Frab.

Anaïs, vous vous souvenez ? Cette jeune herboriste bio devenue l’héroïne du Web suite au film Anaïs s’en va t’en guerre racontant les embûches auxquelles elle a été confrontée pour se lancer. Une caravane pour vivre, 6 000 m2 pour cultiver et une tonne de passion contagieuse ! Depuis, on peut la suivre sur son site. Et retrouver quelques-unes de ses tisanes chez ses voisins, les magasins Biocoop de Dol et de Combourg. « Des Anaïs, on en connaît plein ici, s’exclame Mickaël Chemin, gérant du magasin Biocoop de Saint-Malo. Ils s’appellent Fred, du Clos Fleuri à Saint-André-des-Eaux Nicolas de la Ferme des Naot près de Hedé, etc. » Et de nous donner, enthousiaste, leurs adresses. On ne pourra tous les visiter cette fois.

Vent nouveau

Après tirage au sort, direction Saint-Coulomb près de Cancale, chez Anthony Testor, jeune parisien titulaire d’un BTS Gestion et protection de la nature, qui a fini par dénicher un lopin en fermage. Oui, chez lui aussi, entre les deux serres neuves, la maison, il y a encore la caravane, désormais dédiée aux poulettes. Et ce même élan pour la terre qu’Anaïs, « pour l’indépendance », précise Anthony qui nourrit sa famille essentiellement au rythme de sa production maraîchère. « Le pays de Saint-Malo attire de plus en plus », observe Mickaël Chemin. Projet de Parc régional, volonté politique de recréer une identité malouine hors les séculaires remparts, on sent une dynamique. La bio a une place à prendre comme elle a su le faire autour de Combourg ou de Dol qui connaît, outre son magasin Biocoop, un marché bio depuis longtemps. « Carpour les installations bio l’accès à la terre est encore difficile. Les métiers de bouche évoluent plus vite », poursuit-il. « Trouver des terres et en vivre, c’est dur », confirme Mathieu Morel, pourtant petit-fils d’agriculteur. Les céréales lui plaisaient. Il a monté une microbrasserie artisanale bio. Et sa Bosco est née. « Depuis quatre ans, on sent une nette accélération des installations et de conversions bio, des boulangers, des petites fermes, beaucoup de maraîchers, comme un retour à la terre motivé entre autres par une recherche de qualité de vie », analyse Alain Prod’homme qui a ouvert à Combourg en 2001 le premier des trois Le Chat Biotté, magasins Biocoop.

De petites parcelles maraîchères bio orientées circuits courts germent sur la côte. Elles produisent une large palette de légumes, comme Anthony, et se distinguent des traditionnels légumiers qui cultivent quatre-cinq variétés (chou-chou-fleur-artichaut-pomme de terre), souvent au service de marques emblématiques détenues par de grosses coopératives agricoles. Ces grands champs se convertissent au bio eux aussi, pour nourrir la GMS, partout en France ou à l’export, parfois associés à des projets lourds, comme des unités de compostage urbain. « On s’en réjouit bien sûr, même si notre rôle est plus de soutenir une bio locale et paysanne, une autre organisation territoriale », insiste Mickaël Chemin. Dans cet esprit, les quatre magasins Biocoop portent un projet commun de boucherie en lien avec des éleveurs de races locales anciennes, avec le rêve de voir s’ébattre ici à nouveau le poulet coucou de Rennes ou la vache armoricaine.

A_Testor

Anthony Testor, maraîcher bio avec sa compagne Carole-Anne Gandon recherchent une organisation agronomique et économique qui ne les rendent pas dépendants.

Bucoliques balades

Car si dans le pays de Saint-Malo de petits maraîchers bio reconquièrent les riches terres légumières à production intensive et si le légume est l’activité dominante des fermes bio (40 sur les 102 dénombrées en 2018*), l’élevage de bovins (22 laitiers et 7 bovins viande) vient en seconde place. Pour le voir, s’éloigner de la côte en direction de Rennes, baguenauder à travers la Bretagne bucolique et romantique de Chateaubriand dont le château rayonne sur Combourg. L’occasion en chemin de saluer des pionniers, comme Églantine Touchais à La Boussac, connue comme le loup blanc dans le circuit court bio pour ses bons produits, son approche de la bio, « sa vingtaine de pies noires, une race locale qui a failli disparaître », commente Mickaël.

Cette mer qu’on voit danser…

Mais de Saint-Malo au Mont-Saint-Michel, la mer qui ourle d’émeraude cette côte touristique, singularise aussi la bio du territoire via les produits de la mer. C’est ainsi que dans la baie de Cancale marnée par les plus grandes marées d’Europe, Stéphane Quemerais et son associé Olivier Bernier dans la SCEA Fine de Cancale ont décidé d’élever des huîtres selon le cahier des charges européen bio. Il porte notamment sur un temps de conversion des emplacements, sur la densité de coquillages par casier, la qualité de l’eau et surtout, il interdit les huîtres triploïdes, ces hybrides plus rentables car stériles et sans laitance, commercialisables toute l’année. Les ostréiculteurs qui font du bio sont des perles rares ! Stéphane, c’est une recherche de qualité qui l’a convaincu. Il faut trois à quatre ans minimum pour mener à terme une huître : Désirée, nom de la belle bio, se fera donc un peu attendre…

* Frab.

Stephane Quemerais

Dans les parcs Fine de Cancale à Saint-Méloir-des-Ondes, Stéphane Quemerais chouchoute Désirée, la première huître cancalaise bio.

Jean-François Arbona et Magali Molla, algoculteurs bio à Saint-Malo

À bord d’une puissante coque de catamaran, l’Eowin, et sous la probable protection du Seigneur des anneaux (!), Jean-François Arbona et Magali Molla jardinent la mer. Leur métier est atypique et très technique, comme pour pallier la marge de manœuvre limitée de l’homme. De nombreux facteurs en conditionnent la réussite : marées, courants, qualité de l’eau fragile et doublement surveillée en bio, pluviométrie, présence d’éléments nutritifs, température… Plus le travail à 10 m de profondeur dans un champ marin de 12 ha au milieu de la Rance, face à Saint-Suliac. Jean-François tient ses connaissances de Corée et d’une quarantaine d’années d’expérience. Les deux scientifiques font tout de A à Z, en artisans et sous certification bio. C’est une passion. IIs cultivent le wakamé, le kombu royal, à leur marque « Algues alimentaires-C-weed », vendue dans des magasins Biocoop bretons, et pour d’autres entreprises de l’alimentaire ou de la cosmétique. Ils pratiquent aussi la cueillette (dulse, nori, laitue de mer…). À l’automne, dans leur laboratoire, les spores sont pulvérisées sur des cordelettes. « Les algues vont croître dans de grands aquariums ballons puis sur de grands filins plantés en mer, explique Jean-François. Récoltées à partir du printemps, elles sont séchées, lentement et à basse température, selon le cahier des charges bio des algues, préservant ainsi la richesse concentrée de la mer, calcium, potassium, magnésium… » Et dans l’assiette ? Rendez-vous page 25.

Algoculteurs
St Suliac

Les champs d’algues génèrent de l’oxygène et contribuent à la biodiversité végétale et animale, comme ceux de Magali Molla et Jean-François Arbona, face à Saint Suliac.

 

« À travers nos commerces, nous voulons soutenir une bio locale et paysanne. » Mickaël Chemin, gérant du magasin Biocoop Aquarium de Saint-Malo.

« Des magasins Biocoop citoyens, au cœur de gros bourgs comme à Dol et à Combourg, ou plus citadins comme à Saint-Malo. » Nicolas Droual, directeur régional Réseau, Biocoop.

Les plus Biocoop

  • Magasins

Le pays de Saint-Malo compte un magasin Biocoop à Saint-Malo dans la zone Aquarium, et trois autres, du nom de Le Chat Biotté en Scop, à Combourg, Dol et depuis ce printemps à Tinteniac.

  • Plateforme

Les quatre plateformes régionales Biocoop approvisionnent tous les magasins du réseau à hauteur de 70 % de leurs rayons. Celle de Melesse, près de Rennes, déménagera en 2019 à Tinteniac, passant de 15 000 à 29 300 m2.

Retrouvez cet article dans CULTURE(S)BIO n°100, magazine offert par votre magasin Biocoop, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger sur Biocoop.fr

 

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